Je ne suis pas un photographe et à vrai dire
je n’y connais pas grand-chose. Pourtant, j’ai ressenti le besoin de
photographier Golden Gai. C’était une façon d’entrer dans ce territoire qui me
fascinait et une façon de le regarder
et puis qui sait peut-être un jour le
voir. Sur les conseils d’un ami, j’optais pour un Canon 1100 d’occasion et
je troquais l’objectif pour un 50mm. Ma première série de photos date d’octobre 2015. Très vite j’ai
compris que je voulais adopter le point de vue d’un voyageur arpentant Golden
Gai et jetant un coup d’oeil à travers les fenêtres et les rideaux en
plastiques des portes. Cette méthode m’offrait des reflets, des couleurs et la
transparence usée du plastique et des vitres. Je retrouvais souvent ce « doré »
qui désigne le quartier. Cet estompage me parlait aussi du temps et de mes
chers fantômes. J’ai à nouveau photographié les ruelles en aout et octobre 2016. J’ai vu
la rue sinistrée par l’incendie d’avril se relever littéralement de ses cendres
quelques mois plus tard, reconstituée, propre et scintillante, comme si tout
avait été pardonné. Mais quelque chose s’était bien passé. Pour la première
fois, dans ce cycle ininterrompu de nuits, Golden Gai avait fait l’expérience
de sa disparition.
Et moi, qu’avais-je appris et que me
restait-il à apprendre ?
Un soir, un Japonais qui était dans
la même réflexion que moi me confia quelle était sa vision de Golden Gai.
Je n’aurai pas pu l’exprimer mieux.
Ce sera le sujet d’un prochain billet.
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