J’apprends le décès survenu le 22 juin dernier de Ri Reisen à l’âge de 79 ans. Figure importante de l’angura (underground) des années 60 et 70, Ri Reisen participa, couverte de peinture dorée aux spectacles de cabaret de Tatsumi Hijikata. C’est surtout aux côtés de son mari, Kara Juro, qu’elle devint l’une des actrices principales du Jikei Gekijo ou Théâtre des situations.
Le physique fascinant de Ri Reisen lui fit interpréter le rôle de la « female Boss » décadente de La Tanière de la bête de Shun’ya Itō (1973), troisième épisode de la saga de la femme scorpion interprétée par Meiko Kaji. Dans le Mishima de Paul Schrader (1985), dans l’épisode La Maison de Kyoko, elle joue la prostituée Kiyomi, avec qui Kenji Sawada passe la nuit. Un miroir posé sur la poitrine de Sawada le dote des seins de Ri Reisen.
Née de la seconde génération de Coréens, ne parlant que japonais, elle soutiendra pendant les années 70, le mouvement pour la démocratie de Kim Dae-jung qui subissait la violente répression du Président Park.
Excellente chanteuse elle est l’interprète du magnifique Le Vent souffle à Junku (1979) sur des paroles de Juro Kara et une musique de Jun Sakurai.
Le vent souffle sur Junku, allons-y.
Le même stupide vent que d'habitude
Je fais exprès de trébucher et de me frotter à toi
Je cherche quelqu'un qui me ressemble
Je regarde en arrière, je regarde en arrière
La ville de Junku !
Un long couloir sans plafond.
Il y a une rivière qui coule à travers Junku.
Une rivière sans nom qui sent les crottes de nez.
Laisse-moi voir ton visage et ton sourire
Voyons qui se tient derrière moi
Elle coule, elle coule, elle coule
La rivière sans nom
Un long couloir à l'envers
Il y a un arc-en-ciel sur Junku
Un arc-en-ciel fou auquel il manque des couleurs
Je vais ajouter une autre couleur, la couleur de l'amour
La couleur de la vengeance est trop chaude
Je regarde en arrière, je regarde en arrière
La ville de Junku.
L'arc-en-ciel disparaîtra, lui aussi, dans le long couloir.