Lorsqu’on
aime le cinéma d’horreur, et plus particulièrement le gothique italien des
années 60 – Mario Bava, Antonio Margheretti, et la déesse d’ébène, Barbara
Steele – on ne peut s’empêcher de ressentir une fascination pour l’univers du
SM, dans sa version la plus théâtrale : les bourreaux masqués, les vierges
crucifiées, les « Mistress » gantées et bottées et bien sûr les sombres donjons
résonnant du claquement du fouet.
Que
les fleurs les plus vénéneuses du jardin des supplices éclosent au Japon ne
surprendra pas les amateurs des chefs-d’œuvres eroguro de Teruo Ishii et Noburo
Tanaka, où les shoguns pervers remplaçaient avantageusement les inquisiteurs de
l’épouvante européenne.
Il
y aussi les versions SM des love hotels de Kabukicho et Maruyama. Natalie
Daoust, une jeune Canadienne s’est immergée pendant plusieurs mois à L’Alpha
In, le plus grand Love Hotel SM du Japon. Elle y a photographié 39 femmes de
tous les âges, dans leurs chambres/donjons privés, avec leurs accessoires. On pense
bien sûr à des cellules monacales devant ces espaces que Nathalie Daoust filme
toujours avec une certaine distance, comme un lieu que l’on observe sans
vraiment y rentrer. Un couvent, une maison de poupée également, où les maîtres
et les esclaves ne semblent pas faire partie de notre monde mais sont des
créatures de plastique et de tissus. Si les perruques et les postiches ne
brouillent leurs identités, les cagoules recouvrent parfois tout le corps, les
transformant en fantastiques Musidora ornementées et corsetées. Mais encore
plus, dans cet hôtel immense,
luxueux, baroque, lugubre, où des couloirs interminables succèdent aux
couloirs, silencieux... je
vois un opéra muet qui se joue avec des divas bâillonnées, suspendues,
contraintes…
Le site de Nathalie Daoust, ici