Le koban
Comme dans tous les quartiers de
Tokyo, il y a un koban à Golden Gai,
juste en face du temple Hanazono. C’est une petite pièce éclairée au néon qui
ressemble au décor d'un film de Kiyoshi Kurosawa, avec derrière la vitre un policier immobile comme
un mannequin. Il ne se passe jamais rien ici, et à force d’attendre depuis des
mois et même des années, le policier pourrait bien s’évaporer d’ennui.
Le cinéaste allemand
Nous le savons, ni Daniel Schmid ni Werner Schroeter ne sont morts. Le premier tient un bar à Golden Gai nommé Hécate (voir ici). Sans doute peut-on y croiser Werner, attendant que Magdalena et Candy reviennent de Nichome, le quartier gay, où elles chantent de vieilles romances dans un cabaret de travestis fantômes.
La sorcière de Kabukicho
Le jour, on la remarque à peine, tête
flottante entre les clubs et les love hotels. C’est la nuit que son travail
commence : jeter des maléfices aux hosts,
vendre des filtres d’amours aux mama-san,
égarer les touristes français à la recherche de la Jetée, transformer les
travestis du Jan June en lolitas et les yakuzas en chats. Il y a longtemps, très
longtemps, elle n’était peut-être qu’une naïve lycéenne qui s’est laissé
séduire par un jeune rabatteur devant le portail rouge de Kabukicho, et est restée
depuis prisonnière des sortilèges des néons.
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