On trouve dans Female Yakuza Tale (1973) de Teruo Ishii (suite
de Sex & Fury de Norifumi Suzuki) une créature fascinante : Yoshimi du
Christ, nonne yakuza au chapeau noir et à la soutane fendue révélant des jambes
bottées de cuir. Improbable mélange entre une religieuse et Sasori, la femme
scorpion.
L’actrice Makoto Aikawa, avec ses longs cheveux noirs et son visage fermé est bien entendu une réplique de Meiko Kaji.
L’actrice Makoto Aikawa, avec ses longs cheveux noirs et son visage fermé est bien entendu une réplique de Meiko Kaji.
« Lorsque je prie, je
tue » déclare-t-elle, volant presque la vedette à Ocho la joueuse d’Hanafuda
dont les cartes sont en réalité des lames de rasoir. Mère supérieure d’un véritable
couvent de nonnes tueuses, Yoshimi du Christ dévoile la passion de Ishii pour
les créatures hybrides, males ou femelles, croisements d’hommes de plantes et d’animaux
comme dans Horrors of Malformed Men, femmes-chats, ou yakuzas aux tatouages de
pivoines et de camélias. Le monde de
Teruo Ishii est une scène de théâtre décadent, souvent stylisée, aux éclairages
bariolés, et aux acteurs toujours fardés. Ces poupées sanglantes, qu’elles
soient des prostituées en kimono écarlates, des aliénées rejouant Une page
folle de Teinosuke Kinugasa ou des gangsters aux visages striés de cicatrices,
rappellent les démons de Shuji Terayama,
et font de Teruo Ishii un poète fin de siècle au cœur du cinéma d’exploitation
japonais.
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