mardi 27 août 2019

Yoshimi du Christ




On trouve dans Female Yakuza Tale (1973) de Teruo Ishii (suite de Sex & Fury de Norifumi Suzuki) une créature fascinante : Yoshimi du Christ, nonne yakuza au chapeau noir et à la soutane fendue révélant des jambes bottées de cuir. Improbable mélange entre une religieuse et Sasori, la femme scorpion. 
L’actrice Makoto Aikawa, avec ses longs cheveux noirs et son visage fermé est bien entendu une réplique de Meiko Kaji. 


« Lorsque je prie, je tue » déclare-t-elle, volant presque la vedette à Ocho la joueuse d’Hanafuda dont les cartes sont en réalité des lames de rasoir. Mère supérieure d’un véritable couvent de nonnes tueuses, Yoshimi du Christ dévoile la passion de Ishii pour les créatures hybrides, males ou femelles, croisements d’hommes de plantes et d’animaux comme dans Horrors of Malformed Men, femmes-chats, ou yakuzas aux tatouages de pivoines et de camélias.  Le monde de Teruo Ishii est une scène de théâtre décadent, souvent stylisée, aux éclairages bariolés, et aux acteurs toujours fardés. Ces poupées sanglantes, qu’elles soient des prostituées en kimono écarlates, des aliénées rejouant Une page folle de Teinosuke Kinugasa ou des gangsters aux visages striés de cicatrices, rappellent les démons de Shuji  Terayama, et font de Teruo Ishii un poète fin de siècle au cœur du cinéma d’exploitation japonais.  



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