Je me souviens de ce moment passé à
Uramado, la chapelle de la musicienne Asakawa Maki, où l’on vient surtout
écouter l’acid-folk des années 70. Uramado, bien qu’il se trouve dans la rue la
plus excitante de Golden Gai (La Jetée, le Baltimore, Le Cambiare, le Jan June
et le bar de Natsuco), j’ai toujours du mal à le trouver du premier coup,
encore plus maintenant que la photo de Maki sur la porte, de plus en plus
délavée, commence à tomber en miettes. Parfois j'ai aussi l'impression que ce
bar n'est pas toujours là. Bref, à Uramado, ce soir-là, je parlais avec un
couple de la mystérieuse chanteuse Morita Douji, qui s’évapora au début des
années 80 en laissant huit albums ultra mélancoliques, emplis de violons qui
emportent l'âme et de chœurs d’enfants fantômes. Je faisais une comparaison
avec Nick Drake, lorsque le patron, sans doute le personnage le plus taciturne
de Golden Gai, passe sans dire un mot Times
of no Reply. J’étais dans un bar minuscule et sombre de Tokyo, avec mon
verre de saké et mon paquet de Mevius et j’écoutais Nick Drake. Je n’aurai pas
donné ma place pour un empire.
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