Le 25 septembre, je rencontrais l’artiste Rina Yoshioka
(voir ce billet ici) à la galerie Arts Chiyoda de Ueno. J’en profitais pour lui
poser quelques questions dans un izakaya. Merci à Constant Voisin qui m’a servi
d’interprète.
Vous avez une prédilection pour l’ère Showa.
La thématique de l’ère Showa, ça fait partie de moi puisque
je suis née à cette époque mais c’était déjà la fin. Je me retrouve dans une
espèce d’entre-deux : c’est comme un fantasme entre ce que je connais et
ce que j’imagine. L’ère Showa a duré de 1926 à 1989 mais ce sont surtout les
années 60 et 70 qui m’intéressent. Comme je peins un monde que je ne connais
pas forcément, ça me donne l’impression d’approcher des existence qui me sont
assez lointaines. J’aime créer un contexte assez précis de l’époque, par le
biais de pancartes, de magazines, de pochettes de disques ou de devantures de
magasins ou de bars.
Vous peignez un type de femmes très érotiques, des hôtesses
de bar, des strip-teaseuses, mais ce ne sont pas des objets : elles sont
aussi indépendantes.
Je peints les femmes que je trouve attirantes. Et c’est
effectivement lié pour moi : je suis une femme qui peint des femmes
érotiques et ça se rapporte à cette notion d’indépendance. Les femmes de cette
époque représentent bien cette ambivalence. J’aime particulièrement le visage
de Naomi Tani et dans le même genre Reiko Ike. Junko Fuji, elle-aussi, possède un érotisme très féminin et une sorte de puissance.
Avez-vous des influences graphiques ?
Tadanori Yokoo. Je ne dirai pas que je fais des œuvres
similaires mais depuis l’enfance je suis très attirée par son
travail. Il y a aussi le fait que ce soit à la fois un peintre et un designer
et qu’il réalise aussi des affiches de pièces de théâtre. Il mène ces deux
activités en parallèle. Avoir représenté Ken Takakura dans des peintures
pop’art est vraiment une excellente idée.