1. Quand le zentai part braconner
Ce n’est pas un
film mais un de ces « matériaux pornographiques », un fragment, que l’on trouve
sur youporn. Il n’a même pas de titre mais la description basique d’une
situation : Japanese Av model
butt groped. Pourtant, dans sa laideur et sa bêtise, sa mise en scène
improvisée, il fascine malgré tout. Si on le voyait en entier, peut-être
comprendrions-nous comment ce personnage en combinaison (presque) intégrale
(soit un zentai) parvient
à s’introduire dans la salle de classe et à abuser des jeunes élèves ? On sait
que la pornographie ne s’embarrasse pas de logique mais épouse juste des
canevas fantasmatiques. Au Japon, le viol et la violence sont des conventions
admises et la prétendue jeunesse des personnages également. Ce qui gêne et
intrigue ici, ce sont surtout les réactions aberrantes des jeunes filles
observant le viol de leurs camarades, tour à tour dégoûtées, indignées voir
curieuses… ou totalement absentes. Certaines, sans que l’on sache exactement pourquoi
(sont-elles possédées par le zentai),
commencent à se masturber avec des sextoys.
2. Daikichi Amano : amours
visqueuses
On la vu, le zentai
violeur de lycéenne était une réduction d’un être humain à la seule perversité,
sans le minimum d’affect ou même de jouissance requis dans le porno
traditionnel. La créature était une sorte d’être humain larvaire, à peine
formé. L’idée d’un porno non humain remonte sans doute à Hokusai et aux Rêve de
la femme du pécheur, duquel Daikichi Amano a tiré, autant en photographies
qu’en films, une série de variations fascinantes. Dans l’idée, il s’agit bien
sûr de zoophilie mais ici non mammifère et surtout basé sur l’idée de
multiplicité, de grouillements, avec la viscosité comme dénominateur
commun. Les modèles sont recouverts d’insectes, de vers, de reptiles ou
d’animaux marins, jusqu’à disparaître presque totalement, comme dans une
composition d’Arcimboldo. Amano est un maître des matières et de la couleur
allant chercher des variations infinis dans la peau de ses animaux ; ce qui
l’éloignent évidemment du pur matériel pornographique.
Mais
il n’est pas sûr que les hentai prennent un si grand plaisir aux compositions
baroques d’Amano. Peut-être préfèrent-ils se tourner vers des bandes moins
raffinées, comme cette vidéo où une jeune fille en maillot de bains, une serviette
autour de la bouche (au fond l’élément aquatique est préservé), se fait d’abord
palper par des mains anonymes, remplacées par des vibromasseurs, puis des pénis
(évidemment mosaïqués).
3. Rei
Ayanami, clone sexuel
Imaginez un instant que jamais vous n’ayez jamais dépassé ce
stade, que votre sexualité se soit construite exclusivement à travers des
personnages de dessin animé ou des amazones de science-fiction. Au Japon, vous
seriez ce que l’on appelle un otaku et votre chambre/appartement serait envahie
d’amantes virtuelles.
La libido otaku se divise entre des artefacts plus ou moins
mainstream, à l’érotisme suggestif, et une pornographie underground qui est
celle, par exemple, des mangas amateurs. Une circulation s’opère entre les
deux, les mangas amateurs proposant souvent des versions classées X de
personnages officiels.
Prenons par exemple Rei Ayanami, la jeune pilote aux cheveux bleus
de Neon Genesis Evangelion, la géniale série d'animation d'Hideaki Anno débutée
en 1995. Rei est un clone et en tant que telle connait de multiples morts et
résurrections tout au long de la série. Elle est aussi un pilote remplaçable à
l'infini, un corps adolescent appartenant aux adultes et totalement dévolue à
usage : la guerre. Ce mélange de perfection martiale et de soumission en ont
fait l'icone otaku absolue.
Elle a donné lieu à des variations hentai.
Des cosplay parfois assez élégants
Mais aussi à des vidéos pornographiques comme celle-ci où la
starlette Mirina Izumi porte la tenue complète de pilote ainsi que les cheveux
bleus et les lentilles de contact rouges.
Il n’y a aucune mise en scène dans ces vidéos, pas même de
décor, seule importe de représenter le personnage dans des scènes sexuelles. On
notera que Rei n’est pas ici déshabillée, à la différence des photos sexy du cosplay,
et que la main de son partenaire sans visage caresse d’abord le costume du
personnage. L’excitation otaku réside sans doute moins dans l’acte sexuel (d’ailleurs
essentiellement masqué par les mosaïques usuelles) forcément déceptif, que dans
ce prologue qui détaille le déguisement et en isole les « éléments d’attraction ».
L’otaku s’adonne donc au plaisir classique du fétichiste entre objet
partiel et totalité, mais, univers de science-fiction oblige, l’objet de son
désir est déjà une créature artificielle et dans le cas de Rei Ayanami un
clone.