vendredi 13 octobre 2017

Natsume Masako, la beauté absolue a aussi un nom, et un visage

La phrase est une de mes préférées de Sans soleil de Chris Marker
Pour exorciser l’horreur qui a un nom et un visage, il faut lui donner un autre nom et un autre visage. Les films d’épouvante japonais ont la beauté sournoise de certains cadavres. On reste quelquefois sonné par tant de cruauté, on en cherche la source dans une longue intimité des peuples d’Asie avec la souffrance, qui exige que même la douleur soit ornée. Et puis vient la récompense : sur la déconfiture des monstres, l’assomption de Natsume Masako. La beauté absolue a aussi un nom, et un visage.
Elle m’a accompagnée tout au long de la rédaction de mon livre sur les fantômes japonais. Elle contenait bien sûr une énigme : qui était Natsume Masako ? Dans le chaos d’images de spectres, de femmes-chats et de tête volantes, elle pourrait passer presque inaperçue, c’est la cavalière portant une coiffe étrange.

Les images sont tirées du feuilleton très populaire Sayuki (1978-1979) ou Monkey en occident, la série ayant été achetée et doublée par la BBC. Dans cette adaptation de la légende chinoise du Roi Singe, Natsume Masako interprète Sanzo Hoshi, une bonzesse qui libère le héros, emprisonné depuis 500 ans par Bouddha dans une montagne.
Masako n’est pas la plus connue des actrices japonaises en Occident, et on peut supposer que c’est en regardant la NHK que Marker a appris son existence et son visage félin ne pouvait que le charmer.
Morte d’une leucémie en 1985 à seulement 27 ans, Natsume Masako n’a pas eu le temps d’avoir une longue carrière. Cependant on peut la voir dans The Catch, un des chefs-d’œuvre de Shinji Somaï, dans le rôle de la fille du pêcheur interprété par Ken Ogata.





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