samedi 18 mars 2017

la guerre ressemble aux lettres qu’on brûle



Sur la machine d’Hayao, la guerre ressemble aux lettres qu’on brûle, et qui se déchirent elles-mêmes dans un liseré de feu. Le nom de code de Pearl Harbour était Tora, tora, tora : le nom de la chatte pour laquelle priait le couple de Go To Ku Ji. Ainsi, tout cela aura commencé par un nom de chatte prononcé trois fois.
Au large d’Okinawa, les kamikaze s’abattaient sur la flotte américaine. Ils deviendraient une légende. Ils s’y prêtaient mieux, évidemment, que les sections spéciales qui exposaient leurs prisonniers au gel de Mandchourie et ensuite à l’eau chaude, pour mesurer à quelle vitesse la chair se détache des os. Il faudrait lire leurs dernières lettres pour savoir que les kamikaze n’étaient pas tous volontaires, et que tous n’étaient pas des samouraïs fanatisés. Avant de boire sa dernière coupe de saké, Ryoji Uebara avait écrit :
" J’ai toujours pensé que le Japon devait vivre librement pour vivre éternellement.
Ça peut paraître idiot à dire aujourd’hui, sous un régime totalitaire... Nous autres, pilotes-kamikaze, nous sommes des machines, nous n’avons rien à dire, sinon supplier nos compatriotes de faire du Japon le grand pays de nos rêves. Dans l’avion je suis une machine, un bout de fer aimanté qui ira se fixer sur le porte-avions, mais une fois sur terre je suis un être humain, avec des sentiments et des passions... Pardonnez-moi ces pensées désordonnées. Je vous laisse une image mélancolique, mais au fond de moi je suis heureux. J’ai parlé franchement. Excusez-moi."  Chris Marker - Sans soleil (1982)



Urbangarde - Burning Love Letter (2016)
& Lip Democracy (2016)
Mamoru Oshii -Sky Crawlers (2008)
Chris Marker - Sans soleil (1982)














Chris Marker, Le Dépays, 1982

Une image par jour #5


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dimanche 19 février 2017

Reiko Oshida, furyo shôjo


Les films de Sukeban (chef de gang) de Reiko Oshida pour la Toei, suivent la série des Stray Cat Rock de la Nikkatsu avec Meiko Kaji et précédent de peu ceux des stars du genre Reiko Ike et Miki Sugimoto. Extrêmement jolie, Reiko Oshida ne possède cependant pas le charisme des deux amazones qui semblent à peine « jouer » leurs rôles de jeunes délinquantes. Reiko Ike apparaît perpétuellement intoxiquée et disparaîtra des écrans après un scandale de drogue.  Miki, bronzée et athlétique, les cheveux châtains, présentait elle-aussi un nouveau genre de japonaises, bien moins docile que les actrices des romans pornos Nikkatsu. Il est cependant toujours un peu triste de les retrouver soumises dans les films de yakuza de Kinji Fukasaku. Comme si, face à Bunta Sugawara et Tetsuya Watari, les sukeban étaient obligées de filer doux.
Reiko Oshida était une starlette kawai et ses productions des films d’action pop dénués du sadisme halluciné qu’imposera le maître du genre, Norifumi Suzuki. Invariablement, Reiko Oshida sortait de prison et formait une bande avec d'anciennes détenues, autrefois rivales désormais à la vie à la mort. Chez les soeurs de sang de Reiko Oshida primait l'amitié chevaleresque et c'est toujours en voyant l'une des leurs agoniser dans leurs bras après avoir été massacrée par les yakuzas, qu'elles prenaient les armes. Dans Tokyo Drifters, la traversée de Kabukicho par les loubardes en manteaux rouges pour un ultime baroud d'honneur reste d'un romantisme absolu.  L’excitation que provoquaient ses films était toute simple : voir une bande de filles à la dernière mode de Shinjuku, découper au sabre des gangsters, incarnations grotesques du machisme.  








Delinquent Girl Boss: Blossoming Night Dreams (Yume Wa Yoru Hirakua aka Tokyo Bad Girls / ずべ公番長 ひらく, 1970)
Delinquent Girl Boss: Tokyo Drifters (Zubekô banchô: Tokyo Nagaremono aka Girl Vagrants of Tokyo / ずべ公番長 東京流, 1970)
Delinquent Girl Boss: Ballad Of Yokohama Hoods (Zubekô banchô: Hamagure Kazoe Uta / ずべ公番長 はまぐれ, 1971)
Delinquent Girl Boss: Worthless to Confess (Zubekô banchô: zange no neuchi mo nai / ずべ公番長 ざんげの値打もない, 1971)


























Terayama 1967, Un Coup de Dés