dimanche 2 avril 2017

Yoko Hamasaki (Urbangarde) par Mika Ninagawa. 2014


Une image par jour #17





Necronomidol : Psychopomp


Les Necronomidol sont les chamanes de la J-pop : cinq jeunes filles de moins de 20 ans qui depuis 2014 mixent les chants emo des idoles, avec du métal et de l’électro. Les vraies racines de Necronomidol sont cependant plus anciennes et puisent dans les musiques de JA Seazer pour Shuji Terayama. Ce fameux angura. On adore bien sûr la farouche guerrière Risaki Kakizaki et ses pointes de cheveux rouges comme du sang séché, mais l’idole immédiate est Sari avec ses cheveux verts et son araignée sur la joue. Necronomidol est à la base un projet hybride puisqu’initié par Ricky Wilson, un producteur américain suite au succès de groupes alternatifs comme Baby Metal. D’où peut-être sa nature davantage underground que mercantile et son respect de l’intégrité de ses musiciennes. Les Necronomidol sont autant des chanteuse que des actrices autour desquels s’élabore un concept empruntant à Suehiro Maruo, à Lovecraft et aux croyances shinto. 
Dans Psychopomp, l’un de leurs plus beaux clips, elles sont mises en scène par le photographe Dan Szpara à Aokigahara, la fameuse forêt des suicidés. On croit d’abord à des images fixes, déjà fascinantes, avec ces lichens verdâtres et mordorés couvrant les troncs d’arbres, mais si on y prête attention, il y a toujours un frémissement dans l’image : une touche de lumière vibrante, des feuilles d’herbes, des insectes… Les Necronomidol apparaissent une à une, elles-aussi immobiles, comme intégrées à cette vie séculaires. Elles ne chantent pas et ne sont jamais réunies. Chacune est découpée en plans de mains, de jambes, de cheveux, comme si elles entraient dans un monde dont le visage n’était plus le centre et dont le temps humain n’était pas non plus la mesure. Si la forêt les entoure, elles sont comprises entre deux motifs : un crâne de cerf blanchi et ce tapis de feuilles d’automne gorgé d’humidité. Les jeunes filles magiques mènent ainsi cette vie parallèle, entre l’os ayant atteint son point inaltérable et les matières organiques en décomposition.