En nommant l'exposition L’Antre du délire, je voulais évoquer, presque
subliminalement, L’Antre de la folie de John Carpenter. En effet, je lui trouvais
des correspondances avec l’œuvre d’Itô : une bourgade hantée, des
références à Lovecraft et certaines scènes comme la vieille dame avalant un
cafard et l’enfant vieillard aux longs cheveux blancs roulant à vélo sur une route
déserte.
Terreurs domestiques. Si on a dit qu’Ozu filmait à hauteur de tatami, c’est l’horreur que Junji Itô dessine quant à lui à hauteur de tatami.
Texte du cartel : Avec cette œuvre inédite créée spécialement pour l’exposition, Junji Ito a rassemblé son inoubliable et cauchemardesque famille. Au centre la star Tomie, nous hypnotise avec son corps serpentin autour duquel s’enroulent les cheveux de Kirié l’héroïne de Spirale. A sa droite, la non moins charismatique Fuchi, le top-model démoniaque, tire une langue en forme de gastéropode empruntée à La Femme-limace. A gauche, la planète cyclope Rémina s’apprête à détruire la terre en la léchant goulument. Toujours aussi séduisant, l’oracle ténébreux de L’amour, la mort, manipule le destin des habitants de la ville des brumes. Avec ses pattes d’araignée, le requin de Gyo s’apprête à courser les humains sur la terre ferme. Aux pieds de Tomie, l’horrible gamin Soichi joue à la poupée vaudou. Mais quelles sont ces formes étranges qui flottent dans le ciel ? les damnés des Ballons pendus se balançant sous leurs visages démesurés.
L’horreur bondit hors de la case à la face du lecteur. Pour accentuer l’effet de surgissement, Junji Itô fait passer le menton du vieillard par-dessus le bord inférieur de la case.
Nous traversons des ruelles et des chemins forestiers, des cimétières aux sinistres stèles, des arrières cours de maisons en bois. Ici circulent les rumeurs et légendes urbaines. Si l’on se promène dans les bois avec Junji Itô on ne peut que se retrouver nez à nez avec une femme pendue.
Les mondes hallucinés.
A la masterclass Junji Itô avouait qu’à dessiner des spirales sous toutes leurs formes, de toutes les matières et avec une foule de détails, il était parfois pris de vertiges.
Si Remina, la planète cyclope aux lèvres charnues, détruit
la terre, c’est parce qu’elle la lèche avec sa langue monstrueuse. Notre
planète est tout simplement trop appétissante.
Le Temple de Tomie. Il nous fallait bien sûr nous placer sous la protection de la plus puissante créature créature de Junji Itô et pour cela lui consacrer un temple. On y accède en passant sous un tori rouge. J’ai une théorie. Les premières aventures de Tomie sont loin d’atteindre la perfection à venir du dessin d’Itô avec leurs aplats noirs, leurs trames grossières et leur trait épais. Tomie semble même un peu banale. D’où vient ce glow up général ? Peut-être Junji Itô a-t-il réveillé un véritable esprit, s’accrochant à lui, et le poussant à s’améliorer pour en faire la beauté fatale, absolument irrésistible que nous connaissons. Junji Itô semble s’être libéré de l’emprise de Tomie, mais pour combien de temps ?
Masterclass : Junji Itô devant une case de La Chuchoteuse, une de mes histoires préférées.
Et joie personnelle, Junji Itô m’a dédicacé le 2e
tome de Zone fantôme, encore inédit en France.
Laissons le mot de la fin à Julie Doucet remixant Emil Ferris
Vous souvenez-vous de vos frayeurs d’enfance, lorsque la maison
familiale, plongée dans le silence et l’obscurité devenait menaçante ? Ce
territoire d’ombres, Junji Itô s’en est fait l’explorateur en dévoilant la peur
dissimulée sous les tatamis.
Le festival d’Angoulême m’a confié le commissariat de l’exposition
Junji Itô dans l’antre du délire. Dans les années 2000, j’étais un fanatique
des recueils édités par Tonkam avec leurs sublimes couvertures gravées ou
réfléchissantes. Junji Itô était le pendant des films de la J-horror et je
reconnaissais ses créatures cauchemardesques dans la terrifiante Madame Saeki
de la série Ju-on, descendant les
escaliers comme une araignée. Rémina, Spirale, La Femme limace et les fruits
sanglants sont toujours chez moi à portée de main. La réédition des chefs-d’œuvre
d’Ito chez Mangetsu, a donc été un évènement, faisant en France sortir le
mangaka du culte confidentiel pour lui donner la place qui lui revient :
un des plus authentiques « Masters of Horror » contemporain, égal d’un
Stephen King ou d’un John Carpenter.
Né en 1963, Junji Ito prend la suite de ses aînés Shigeru Mizuki
(Kitaro le repoussant) et Kazuo Umezz (La Femme serpent). Le
premier métier de Junji Ito est prothésiste dentaire, ce qui peut se percevoir
dans les dentitions parfois carnassières de ses personnages. Il se fait
connaître à la fin des années 1980, en publiant dans Gekkan Halloween, des
histoires courtes mettant en scène des jeunes japonais et leur cadre
quotidien : lycée, quartier, maison familiale. Ses thèmes de prédilection sont le culte de la
beauté, le harcèlement, la solitude, les névroses, l’aliénation familiale. Rarement
issu du folklore, l’horreur chez Junji Ito est d’abord sociale. Il peuple de
monstres le Japon de la bulle économique, cette illusoire période de
prospérité. Le Japon des années 80 connut
une épidémie de légendes urbaines telle la « femme défigurée »
agressant les enfants à la sortie des classes. Cette rumeur est née dans la
préfecture de Gifu, région d’origine de Junji Itô. Ce phénomène de société a
inspiré le mangaka pour ancrer l’horreur dans le quotidien.
On peut considérer ces rumeurs comme la version modernes des
« kaidan » (récits surnaturels) de l’ère Edo : des histoires
de fantômes, de chats diaboliques ou de meurtres colportés par les marchands. Les
récits de Junji Ito sont elle-aussi des « histoires du coin de la rue », qui
naissent entre l’école et la maison familiale, chuchotées par des groupes
d’adolescents. Ainsi celle de « L’oracle à la croisée des chemins » dans L’Amour
et la Mort : dans la ville de Nazumi, un ténébreux jeune homme
apparait les jours de brouillard et prédit les pires catastrophes aux
adolescents qui le consultent.
Dans ses récits fantastiques, les jeunes
lectrices et lecteurs retrouvaient leurs angoisses liées au harcèlement, à la
pression scolaire ou à l’étouffement familial. Chez Junji Itô, la famille fait
tout pour retenir en son sein les enfants jusqu’à posséder leur esprit et
modifier leur organisme. Ces peaux craquelées, tatouées, pustuleuses ou trouées,
ces sourires cruels, ces dents proéminentes et acérées, sont le fruit d’un
travail expressionniste du noir et blanc. Tel un scalpel, la plume de Junji Itô
déchire la surface du réel pour révéler des monstres. La terreur est tapie dans
l’embrasure des portes, au fond des couloirs, dans les profondeurs des caves et
saute en gros plan au visage du lecteur.
Pour mettre en scène ses huis-clos, le
mangaka use d’un art implacable du découpage. Par goût, Junji Itô se détourne
des architectures monumentales des métropoles japonaises préférant les bourgades
et quartiers résidentiels. A l’orée de ces petites communautés se trouvent des
cimetières, temples ou lacs, où se pratiquent encore des rituels ancestraux.
Junji Itô est un maître du mystère qui a popularisé la
« folk horror » japonaise inspirée de ses traditions rurales. Les
habitants des champs et des montagnes conservent jalousement leurs secrets et
mieux vaut ne pas s’égarer sur les routes secondaires du Japon sous peine
d’être transformé en épouvantail, séduit par une femme-oiseau, ou voir surgir
d’un puits un monstre de pierre.
Les villes et les campagnes sont le théâtre
des légendes urbaines et folkloriques. Les monstres attendent les adolescents
dans les rues de ville nocturnes ou baignées dans le brouillard. Les
cimetières, les temples et les villages, abritent des démons ancestraux. Les spirales envahissent le décor, les plantes prolifèrent de
façon autant végétale qu’organique, les corps et les visages bourgeonnent de
façon incontrôlable, et les espèces mutent. La société se dérègle et l’horreur
devient cosmique.
Au découpage strict des planches et aux décors réalistes succèdent
des dessins immersifs fourmillants de détails. Une plante bourgeonne sur le cou
d’une jeune fille, et comme un vampire la vide de son sang. L’excroissance
devient une forêt d’arbres fruitiers qui emplit toute une pièce. A partir d’un
élément insolite, l’horreur prolifère jusqu’à envahir totalement la case. Les
mangas de Juni Itô peuvent nous faire perdre la tête… où au moins la faire
gonfler et s’envoler tel un ballon d’hélium.
L’un de ses inspirations majeures est l’écrivain américain Howard
Philip Lovecraft, l’inventeur de la mythologie de Cthulhu, et maître d’une
horreur dépassant les limites la perception humaine. Au découpage strict des
planches et aux décors réalistes succèdent des dessins immersifs fourmillants
de détails. Ces dérèglements provoquent chez les hommes d’incontrôlables altérations,
autant organiques que sociales. Obsédés par les spirales les habitants d’un
village s’enroulent sur eux même comme des escargots. La planète Rémina,
monstrueux cyclope galactique, fait retourner la Terre à la barbarie. Les
requins à pattes de Gyo, nous attaquent sur la terre ferme, entrainant
une mutation biomécanique des êtres humains. Comme Lovecraft, Juni Itô est l’Inventeur de
son propre folklore fantastique. Le père de Tomie possède le talent exceptionnel d’imaginer des situations
totalement inédites, des monstruosités jamais vues, qui distordent notre vision
du monde.
Qu’est-ce qui donne
sa force à la créature et l’emprisonne dans un cycle infernal ? Sa beauté
exceptionnelle est sa malédiction, suscitant autour d’elle le désir de
possession, la jalousie et la haine. Les hommes qui prétendent aimer Tomie,
veulent la peindre ou photographier sa beauté, souhaitent en réalité la
capturer. Tomie est le révélateur de la violence, souvent sexuelle, et de la
domination masculine. Tomie venge-t-elle les femmes japonaises ?
Assurément. Tel un fantôme japonais classique, Tomie pousse ses assassins à la
folie et à l’autodestruction. Personne n’est innocent dans le monde de Tomie. Tomie
est-elle une mutante ou un être venu d’ailleurs ? Qu’on la découpe en morceau et chaque membre donnera
naissance à une nouvelle Tomie. Si on la décapite, sa tête continue de vivre et
le corps d’une Tomie pousse sous son cou. Fait-elle partie d’une autre
espèce ? Est-elle un clone qui en se multipliant pourrait envahir le
monde ? Entité virale, comme Sadako, Tomie est un mosntre abstrait et presque métaphysique.
L'exposition Junji Itô dans l'antre du délire se tiendra au festival d'Angoulême du 26 au 29 janvier 2023
Après plus de trois ans d’absence, refaire ce chemin cent
fois parcouru : sortir du Narita Express à Shinjuku Station, chercher sur
les panneaux la sortie Est (une erreur peut être fatale et vous condamner à
errer pour l’éternité, ou ce qui lui ressemble, dans ses couloirs), être un
moment désorienté au carrefour où se croisent toutes les directions, mais trouver
instinctivement l’escalier montant vers Kabukichô.
Je ne restais que peu de temps à Tokyo, à peine trois jours
avant de m’envoler vers Busan en Corée du sud. C’était un choix de ne prendre
que le pouls de la ville avant un plus long séjour, sans doute en été pendant
la saison des fantômes.
J’avais choisi le même hôtel qu’en août 2019, en haut de la
colline des Love Hotels de Kabukichô. Les hosts dominaient toujours le quartier
mais certains avaient pris des visages de démons. Tokyo est plus que jamais une
cité de masques et de spectres.
En remontant la rue, je me souvenais qu’il fallait tourner à
droite, après une enseigne verte, tourner à nouveau droite et que l’hôtel se
trouvait en face d’un club de kickboxing.
Son nom n’est même pas un nom, juste
une localisation tautologique. La chambre est spacieuse et n’a rien à voir avec
les étouffants business hotels qui surplombent le quartier. La salle de bain
qui compte une douche et une baignoire est elle-aussi gigantesque. Je n’ai
jamais compris comment cet hôtel miraculeux pouvait par ailleurs afficher des
prix défiants toute concurrences. Comme je n’y ai jamais croisé le moindre
locataire, je suppose qu’il ne compte en réalité qu’une seule chambre et
n’ouvre que pour moi.
2019 et 2022 se raccordaient enfin, mais ce n’était qu’un faux raccord. Dans la collure, bien des choses avaient changées, parfois imperceptiblement.
Pour exorciser les maléfices temporels, je me rendais dès le
premier soir au bar justement nommé Le Temps, l’un des lieux les plus
romantiques deTokyo, idéal pour
rêvasser, écouter du Chopin, lire une lettre d’amour, déguster un cocktail
préparé par un suave serveur, parler du cinéma français des années 60 et de
Françoise Sagan, et bien sûr admirer la fresque de son créateur, le génial
illustrateur Aquirax.
J’ai également rendu visite à Benzaiten, la déesse du
quartier, et son sanctuaire enchâssé entre les clubs et les love hôtels. Je me
suis encore perdu dans l’énigme de ce visage parfait aux longs yeux effilés.
Je
suis aussi allé au temple Hanazono en bordure de Golden Gai. Je suis passé sous
les toris rouges et j’ai tapé deux fois des mains pour qu’Inari, le dieu
renard, écoute ma prière.
J’étais prêt.
Dans l’immense bordel de néon de Kabukichô, une disparition notable :
le Robot Restaurant. Ce palace kitsch de miroirs et de
gigantesques amazones dorées a été fermé pendant le covid. Sa musique entêtante
faisait partie du décor sonore du quartier. Peut-être rouvrira-t-il mais en
attendant, il abrite un luxuriant club de showgirls.
La petite boutique d’uniformes d’écolières d'occasion de
Nakanao Broadway, à côté de la librairie underground Taco-ché était introuvable.
Je sais que tout le monde se moque de cette disparition mais j’y passais
rituellement pour ramasser les derniers dépliants d’Olive des Olive, Hiromichi
Nakano School, Benetton (qui fabrique des uniformes spécialement pour le
japon), Candy Sugar ou Roco Nails petit gals school. Mon inutile collection
s’arrête donc ici. Dans l’immeuble jouxtant le Mandarake de Shibuya, RecoFan le disquaire où je glanais des 33t d’Asakawa Maki ou Hako Yamasaki, a lui-aussi fermé (mais serait, m’a-t-on dit, bientôt relocalisé).
Sur les vitres du koban (commissariat) rond qui fait un peu office de point de rendez-vous à Udagawa-cho , les membres de l’Armée rouge japonaise sont toujours recherchés plus de cinquante après. Dans d’autres commissariat, une affiche signée du mangaka d’horreur Hideshi Hino, met en garde contre les arnaques téléphoniques.
Disparue : la Smoking Area de la sortie Est d’où je
regardais l’écran géant de Studio Alta. A côté, l’immense affiche du garçon
efféminé aux cheveux longs, avec sa chemise à carreaux rouges, avait été
décrochée. J’oublie toujours de qui il s’agissait mais j’aimais cette présence
immuable.
La sortie Est s’est cependant doté d’un nouvel
habitant : un chat géant en hologramme qui miaule des comptines
électriques, s’étire, et coiffé d’une casquette de policier délivre toute une
série de consignes.
C’est une nouvelle divinité qui règne sur le quartier en
concurrence avec l’immense Godzilladu
cinéma Toho de Kabukichô. Je suis resté planté trente minutes à la regarder,
fasciné, me disant que Chris Marker lui aurait à coup sûr réservé une place
dans Sans soleil. Ce chat a-t-il un nom ?
Ce félin « kaiju » est bien plus réjouissant que le Shibuya Scramble Square qui se dresse au-dessus de Shibuya Station. Sur 229 mètres de haut, ces 32.000m² de galeries commerciales furent inutilement érigées pour les JO de 2020.Malgré sa beauté architecturale, la tour achève d’enfermer la gare entre les gratte-ciels. Une sorcière plus sympathique survolait Shibuya : Yayoi Kusama pour son association avec Louis Vuiton.
Shibuya demeure cependant un haut lieu du
dandysme tokyoïte et il suffit de traîner autour d’une smoking area pour observer
des créatures à faire crever de jalousie les wannabes des fashion week
parisiennes.
Ce n’est pas un réel changement mais il m’a semblé qu’il y
avait toujours plus de boutiques Mandarake à Nakano Broadway et il est bien
possible que la galerie marchande se nomme un jour « Nakano
Mandarake ». Comme de coutume, avant de me perdre dans le labyrinthe des boutiques,
j’ai déjeuné au Freshness Burger d’un délicieux burger avocado et d’un
fantastique crispy chicken burger.
L’endroit où les changements sont imperceptibles demeure le
Golden Gai.
Le bar Bali où j’avais rencontré Chiemi s’est déplacé dans
une des rues parallèles. La vielle mama-san en kimono a été remplacée par une
plus jeune, en kimono elle-aussi, qui ressemble à une affiche des années 30.
Les
touristes n’étant pas vraiment revenus et même certains habitués semblaient
s’être évaporés pendant l’épidémie. Le quartier retrouvait l’allure de ville
fantôme qui était la sienne lors de mes premières visites.
Comme toujours je
prenais quelques photos à travers les lucarnes, photos spirites de présences peu
à peu estompées. Mais n’est-ce pas surtout moi qui à Tokyo me sent un peu
irréel ?
J’allais faire un tour au Sea & Sun, tenu par
l’exubérante Taru. Il s’agit d’un bar Pink ou burlesque et le « sex »
qui manque à son nom est partout présent en peintures et colifichets, et dans
les plaisanteries de la mama. Un client arborait un superbe T-shirt
« Horrors of Malformed Men de Teruo Ishii.
Au bar Ace, le tout premier où je suis entré il y a 14 ans, je saluais bien entendu Tsuyoshi qui est presque le témoin de ma vie dans le quartier.
Yuya, que je considère un peu comme le maire de Golden Gai, tient
toujours le Darling, repère des cinéastes indépendants les plus délurés.
Surtout, je retrouve Mami-chan à l’écarlate Bar Buster. Elle est l’une des âmes les plus généreuses de Golden Gai et la seule patronne que j’appelle de temps en temps « mama ».
Je n’avais jamais pensé à lui demander l’origine du nom de son bar. Cette fan absolue des Runaways l’a tiré de Light of Days de Paul Schrader : The Barbusters est le nom du groupe où jouent Joan Jett et son frère Michael J. Fox.
C’est au Bar Buster que commença l'une de mes plus étranges aventures à Tokyo.
J’ai traversé Kabukichô en compagnie d'une écolière fantôme.