mardi 11 avril 2017

Hako Yamasaki, l'enfant sauvage



Hako Yamasaki est ma troisième chanteuse folk des années 70. Moins chargée d’alcool et de nuits sans sommeil que Maki Asakawa et moins hantée que Morita Doji, elle rappelle ces chanteuses que l’on croise dans les romans d’Haruki Murakami lorsque le héros se souvient de ses soirées dans les bars à côté de l’université. Elle évoque une mélancolie plus simple mais pas moins prenante. Hako est l’étudiante romantique avec qui on imagine se promener au crépuscule le long de l’étang d’Ueno. Si on établissait la bande-son du roman graphique de Kamimura Lorsque nous vivions ensemble, on y placerait certainement quelques chansons d’Hako. Comme c’est le cas pour ses consœurs, les albums d’Hako sont des merveilles visuelles où rien, de la pochette au livret intérieur, n’est laissé au hasard. De beaux dessins originaux et des photos construisent minutieusement son mood juvénile, un peu vagabond, figure solitaire errant le long des voies ferrées, dans les terrains vagues ou sur les plages nocturnes.






















dimanche 9 avril 2017

Hanawa Gingo, Concept de la machinerie du créateur, 1930

Une image par jour #24

Necronomidol : Ithaqua



Les Necronomidol sont nos petites chamanes préférées de la J-pop. Dans le premier clip de leur album Deathless, elles invoquent une créature lovecraftienne : Ithaqua, seigneur de la neige et des vents glacés. Elles sont filmées dans les forêts enneigées du nord du Japon, terre mythique de religions plus anciennes encore que le shintoïsme et célébrées par des prêtresses en peaux de bêtes collectant les ossements et les pierres. C’est aussi de ces paysages de neige qu’est issu le butô torturé de Tatsumi Hijikata, comme si la blancheur glacée était la cristallisation des ténèbres. C’est ce qui fascine dans la vidéo : ce froid qui les enserre et que leurs frissons rendent perceptible. Elles évoluent dans un monde qui, paradoxalement, associe le froid à l’hypersensibilité et au trouble charnel, mais aussi à l'extase, comme celle qui saisit Sari la jeune fille aux cheveux verts. Bien qu’elle en soit la parfaite antithèse, le ventre dénudé de Risaki Kakizaki est dans ce contexte l’image la plus érotique que la J-pop a produit depuis Heavy Rotation des AKB48. Ithaqua est donc la vidéo des Necronomidol qui décrit au mieux le territoire unique qu’elles construisent. Ce refus d’appartenir au monde bariolé et électrique de leurs consœurs, quitte à se figurer en monstres, fantômes ou sorcières, en fait des figures en retrait, aristocratiques et un peu hautaines. Mais cette terre maudite, si elle est leur royaume sera aussi leur tombeau nous dit la vidéo qui les voit s’effondrer une à une. Les Necronomidol est bien le groupe le plus romantique de la J-pop.