samedi 11 janvier 2020

Kazuo Kamimura, enka mangaka


Malgré sa mort prématurée à 45 ans en 1986, l’œuvre de Kazuo Kamimura est immense et couvre l’âge d’or de l’ère Showa. Si Lady Snowblood (1972) fut longtemps chez nous son manga le plus connu, grâce à l’adaptation cinématographique avec Meiko Kaji, on a découvert ses dernières années ses romans graphiques sentimentaux comme Lorsque nous vivions ensemble (1972) et Le Club des divorcés (1974) ou même sadomasochistes comme Les Fleurs du mal (1975). La chaîne de librairie japonaise Mandarake sortit en 2011 un très bel album consacré à son travail d’illustrateur. Car c’est là-aussi que s’exprime le génie de Kamimura, en particulier dans ses pochettes de disques pour les musiciens Enka. Si le genre remonte au début du XXe siècle, sa popularité connu un regain dans les années 70 lorsque la Enka se mâtina de jazz et de sonorités pop. Le style mélodramatique de Kamimura ne pouvait que s’adapter à cet univers ultra-romantique, larmoyant dans le bon sens du terme, et mélancolique. Ses pochettes sont la plus belle explication de ce que peut être la Enka, avec ses bars où rêvassent les jeunes femmes devant un cocktail, une cigarette à la main, ses plages plongées dans un automne éternel, et surtout ces larmes qui sans fin coulent des paupières de ses héroïnes. 


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